Le projet IAN SWEET a autant été la source que la solution des plus profondes angoisses de Jilian Medford. Mais, maintenant, deux ans après la sortie de son LP Shapeshifter, Medford confronte la réalité, avec un optimisme surprenant, dans son nouvel album Crush Crusher. Medford a décidé, encore une fois, de faire un projet solo (une habitude qu’elle avait à ses débuts, sur les scènes DIY de Boston), et de saisir l’opportunité de composer des chansons plus réflexives et émotionnellement analytique.

En écrivant Crush Crusher, Medford s’est engagée à explorer ses propres problèmes, notamment concernant l’image qu’elle avait d’elle-même, le respect et l’estime de soi, et la responsabilité envers les autres. Le morceau d’ouverture , ‘Hiding‘, est l’une des premières chanson qu’elle a écrit pour l’album pendant une pause hivernale dans le calendrier de son épuisante tournée, lorsqu’elle vivait dans un appartement glacial à Brooklyn. Dans ce morceau, Medford réfléchit sur une relation interpersonnelle brisée à cause de son incapacité à sentir le confort suprême qu’est celui de partager des morceaux d’elle-même avec un autre.
Néanmoins, l’espérance brille à travers ‘Hiding’, avec des paroles qui embrassent les obstacles de la vie, les rendant moins effrayants.

Une grande partie des chansons de Crush Crusher traitent de la pression intériorisée de Medford à devenir l’ange gardien de beaucoup de ses amis. En tant que mécanisme de défense de ses propres insécurités, Medford projette un sentiment d'invincibilité et de bienveillance pour se sentir plus méritante de l'amour des autres ; nous pouvons l’entendre sur ‘Holographic Jesus’ quand elle répète l'expression : « le soleil m'a construit pour ombrager tout le monde », caractérisant le sacrifice et la responsabilité qu'elle ressent, d'une manière qui pourrait facilement passer inaperçu. ‘Holographic Jesus’ représente, en fin de compte, une façade de la force sur laquelle Medford s'est accrochée et, selon le mode de vie d’un vrai taureau, trop têtue pour s’en détacher.

Musicalement parlant, Crush Crusher est plein d’accords dissonants et de progressions anormales, trouvant sa beauté dans un niveau de conflit vu sur ‘Shapeshifter’. Afin d’atteindre ce son expansif, Medford a demandé de l'aide à quelqu'un qui était tout aussi ambitieux, expérimentalement parlant, dans son approche : le producteur et l'ingénieur du son Gabe Wax (Deerhunter, The War on Dugs, Soccer Mommy). Medford et Wax se sont installés au studio Rare Book Room de Greenpoint, à Brooklyn, et ont réalisé l’album avec les musiciens Simon Hanes à la basse et Max Almario à la batterie. « En venant dans un endroit où certaines de mes plus grandes inspirations comme Björk, Dirty Projectors, et Deerhunter avaient au moins une fois enregistré l’un de leurs albums, je me suis sentie déterminée à affronter mes propres limites, que j'ai peut-être inconsciemment créé tout du long de mon processus créatif. Gabe m'a mis à l'aise pour tout essayer », dit Medford. À la fin de l’enregistrement, Ian Sweet s'est retrouvée avec un assortiment non conventionnel de chansons aux éléments disparates de rock psychédélique, trip-hop, et shoegaze qui, ensemble, forgent un son unique et propre à elle.

Le morceau de fermeture ‘Your Arms Are Water’, sert à la thématique de l’ensemble de l’album, racontant l’histoire d’une inspirante relation qui s’est noyée dans le doute. La perspective de cette chanson capture la thèse du disque – celle que, pour échapper à la misère, il faut parfois accepter nos propres imperfections. Autant d’observations compatissantes font, de Crush Crusher, un véritable régal pour les fans de IAN SWEET.