Noel Gallagher s’est débarrassé de son passé dans Oasis comme d’une vieille couche sale et s’est mis à courir, le cul à l’air, vulnérable, se jetant dans une carrière solo qui aurait franchement pu partir dans tous les sens. Aujourd’hui, toutefois, la race humaine dans son intégralité doit le remercier pour cette décision osée, puisque son dernier album offre un escadron de chansons tellement épiques qu’elles transcendent même les hauteurs vertigineuses de son précédent travail en solo, pourtant de haut vol. Sortez de la zone de calme, fils de putes, et accrochez vos ceintures…

Noel Edward Montague Gallagher est entré dans les consciences collectives en 1994 ; la même année que Forrest Gump, que la série Friends et que le Tunnel sous la Manche. Pourtant, 23 ans plus tard, il a plus évolué que les trois autres réunis. On connaît tous l’histoire du garçon de Burnley, avec son arrogance, sa tignasse, son survêtement et des sourcils que Moïse lui-même n’aurait pas pu séparer. Les humble débuts, à tourner dans le monde avec les Inspiral Carpets et le petit frère, tout juste toléré comme un potentiel donneur d’organe pour son aîné plus talentueux. L’histoire du garçon de la classe ouvrière qui osait rêver fait maintenant partie de notre inconscient collectif. Mais tout ça, c’était il y a longtemps. Ce dernier album solo laisse entendre que dans les livres d’Histoire du rock n’ roll, on ne se souviendra principalement d’Oasis que comme de la chenille ayant donné naissance au papillon Noel.

‘Le Chef’, comme il insiste pour que son équipe l’appelle, n’a jamais, jamais, été du genre à se tenir tranquille en débitant du rock en série, sauf, bien sûr, pour les derniers albums d’Oasis. Pourtant, c’est dans son travail en solo que l’évolution musicale de Noel l’a fait passer d’homme-singe vertical mais poilu à homme du futur, avancé sur le plan sonore, électronique, jazz spatial, avec de petites bottes brillantes argentées. Crois-moi, mon chéri, WHO BUILT THE MOON ? ne ressemble à rien qu’on ait jamais entendu de la part de La Petite Menace De Little Venice, comme il se fait appeler sur Grindr. C’est du ROCK ‘N’ ROLL excitant, mûr, tout frais, qui sonne totalement D’AUJOURD’HUI. Pas tant un clin d’œil au passé qu’une poignée de main enthousiaste avec le futur.

Et qui plus est, WHO BUILT THE MOON ? marque un nouveau départ, non seulement dans le style mais aussi dans la méthode. Plutôt que son système habituel consistant à apporter des chansons en studio dans sa sacoche Hello Kitty et à les travailler lentement, Noel a concocté son futur disque platine en effectuant tout le travail d’écriture en studio. Avec les oreilles attentives du producteur David Holmes, ces conditions de laboratoire ont concentré les forces créatives du fils préféré de Peggy et voici le résultat final, WHO BUILT THE MOON ? Déposé aujourd’hui comme un bébé éprouvette dans vos petites mains moites. Installez-vous confortablement, écoutez et retrouvez-vous complètement retourné par ce petit mec adorable, curieux, et qui envoie un rock bien dur.

WHO BUILT THE MOON ? (QUI A CONSTRUIT LA LUNE ?) C’est Noel Gallagher, Et tout le monde peut tendre le bras pour l’attraper.

On n’est absolument plus dans Oasis, Dorothy…

Sir Rupert Bashford-Tillermouth, 29 Août 2019