De 2007 à aujourd’hui, "Ciao Veut Dire Pour Toujours"
Au cours de l’année 2007, Tiga a atteint la Pleine Conscience En Ligne. Ça lui a donné la capacité de vous parler directement à travers l’ordinateur, un miracle que vous n’allez commencer à apprécier complètement que maintenant:

Mon Nom Est Tiga. Bienvenue au Bio-Dôme, mec!
Comme vous le savez, mon travail de remix s’est récemment considérablement ralenti. Bien que mes versions de titres d’Alter Ego, de New Young Pony Club, de The Gossip et de Human League n’aient fait qu’accroître ma réputation, j’ai senti que j’avais besoin de commencer à conserver mes meilleures idées pour ma propre musique. Le remix de “Gary”, d’Alter Ego, par exemple, m’a forcé à piller la plus grande part du travail que j’avais effectué au cours de mes séances aujourd’hui légendaires avec Bobby McFerrin. C’est à ce moment-là que j’ai su que je devais fixer une limite.
Les graines de ZZT, ma collaboration en cours avec Zombie Nation, ont été plantées quand nous nous sommes bien entendus lors de la « Fête Historique et Super Repas des Grands Revenus Glamour de Gigolo » bi-annuelle. Après m’être brouillé avec Gigolo à la suite d’accusations de cyber-incendies criminels, je l’ai contacté pour qu’on travaille ensemble, peut-être sur de la musique. J’en suis vite arrivé à aimer ses manières de jeter les choses, son sens de l’humour. Nos morceaux ont tendance à être d’une nature “live”, en ce sens que nous essayons de n’utiliser que des parties n’exigeant pas plus de quatre mains à la fois. Ou 19 doigts et trois lèvres. Ça dépend.
Rainier Werner Bassfinder prend tout ce qui est super dans mon travail avec Jesper Dahlback et l’amène à un autre niveau. Un niveau qui m’oblige à utiliser un pseudonyme. J’ai choisi le nom de “The Dove” pour des raisons contractuelles, mais également par honte. Probablement un rapport raisons contractuelles/honte de 70/30. Oh, Michael Gothard, je voulais seulement bien faire!
Au cours de ces dernières années, j’ai continué à énormément tourner dans le monde entier. J’ai mangé des Club Sandwiches dans plus de 60 pays et joué “The Sandwich” dans plus de 600 clubs. J’ai également été assez courageux pour visiter le Moyen-Orient, avec un voyage déchirant dans un Dubaï ravagé par la guerre. On m’a initié à la fauconnerie (ceci est 100 pour cent exact), ce qui était déjà assez bizarre avant que je ne découvre que les faucons subissent d’importantes opérations de chirurgie esthétique pour ressembler d’avantage à des célébrités. Mon faucon, m’a-t-on dit, était censé ressembler à Ethan Hawke. J’ignore de qui il s’agit.
Ces dernières années ont également vu un regain d’activité pour mon label, Turbo. Le travail effectué par Thomas Von Party dans le domaine de la direction artistique et par Oliver Interactive dans celui des affaires internationales a été précieux. Je ne peux pas exprimer combien j’apprécie leurs efforts pour faire de Turbo le château-fort qu’il est devenu aujourd’hui. Toutefois, ce serait négligent de ma part de ne pas citer la vraie star du show, notre Consultant Marketing, Brandon Branding.
Brandon a imaginé diverses façons de développer notre marque dans de nouvelles et prometteuses directions. Il a insisté pour que je commence à participer à des championnats de foot communautaires pour conférer un côté “populaire” à mon génie intimidant. Au début, j’étais sceptique, mais j’en suis vite venu à adorer voir les visages d’hommes binoclards de 50 ans s’éclairer quand je rentre sur le terrain. J’ai le sens de la défense, en tant que milieu de terrain vaguement passif-agressif, et je me suis entraîné sur le net avec l’international Ghanéen Michael Essien.
M. Branding m’a également encouragé à écrire pour le label, accouchant d’une série de communiqués de presse torrides qui ont réveillé en moi un amour des lettres profond et sincère. Maintenant, j’écris tout le temps. J’ai même remplacé les boiseries de ma voiture par un tableau effaçable, de façon à pouvoir me pencher par la vitre du conducteur à n’importe quel moment pour gribouiller au visage de la littérature.
Aujourd’hui, notre portée s’étend même encore plus loin, grâce à mes aventures dans le monde de l’invention amateur. Il y a la Pince à Epicerie, destinée à tous ceux qui abhorrent, à juste titre, ce que j’appelle la Crasse des Marchés. Et, avec un oeil vers le futur de notre planète, le Vent à Propulsion Solaire.
Plus important, 2009 verra la sortie de mon nouveau LP, “Ciao!” Cet album cimentera certainement mon statut de Conteur et de Mec Funky. “Ciao!” est le fruit de 15 mois de collaborations avec des personnalités de premier plan comme Soulwax, Jesper Dahlback, Gonzales, Jori Hulkonnen, Jake Shears et James Murphy. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une liste de noms impressionnante. Qu’est-ce que c’était que ça? Qu’est-ce que tu veux dire, “ça?” Ce son que vous venez juste de faire! C’était comme un grognement, un grognement dédaigneux. Avez-vous travaillé avec des, euh, génies ? Sting Junior ? Ce loufoque de Simply Red ? Mme Sting ? Je ne suis pas le moins du monde impressionné.
Somme toute, au bout du compte, je ne peux pas m’empêcher de contempler le reflet dans l’eau de la piscine et de me dire, “Je suppose que j’ai vraiment mis le feu à la nuit, hein?”

1976 – 2003, “Le Mythe de la Création”
“Le citoyen prend peut-être une épouse, mais c’est le l’homme au fusil qui prend une maîtresse. Au bout du compte, nous devons tous choisir le mythe ou la montagne.”
Les origines de Tiga, DJ et producteur germanique de légende né à Montréal, se situent dans un Orient vague et dérangeant, où il a été nourri au lait abominable de la célèbre scène indienne des clubs des années 1980. “A l’œil impitoyable,” dit-il de ce royaume de la nuit sybarite,“un monde de crasse et de décadence est révélé. Par exemple, je suis pratiquement certain que plus d’un patron de club avait un arrangement louche avec l’homme qui apportait les chaises pliantes. J’étais tout à la fois horrifié et enchanté. Après ça, je n’avais plus le choix.”
En 1990, Tiga était de retour à Montréal, mais avec sa prodigieuse connaissance du monde de la nuit, il était insatisfait par la scène des clubs locaux d’alors (l’appelant “le plumage d’un oiseau que je ne peux pas me forcer à désirer.”) Avec l’aide d’un noyau d’amis, il a donc commencé à organiser une série de petites fêtes auxquelles il insufflait un sentiment d’ennui à l’œil torve, glané tout au long d’un passé plein de putes sous acide et de joueurs indiens fous. Parmi les autres innovations introduites par Tiga dans la culture de la fête de Montréal, les DJ invités, une intense promotion sur le terrain avec des gangs rivaux d’acrobates de rue, des flyers de couleur, des sets à plusieurs dj, et l’art de conduire la foule suppliante à travers les corridors les plus intimes des tréfonds de l’âme de quelqu’un.
C’est cette époque grisante d’innovation vertigineuse et de féroce ambition sexuelle qui a culminé avec la naissance en 1993 de “Solstice,” généralement considérée comme la première véritable rave de Montréal. (Un an plus tôt, un Tiga hyper-prescient avait organisé “Eclectricity,” la première rave en ligne, un projet dont l’échec total demeure encore aujourd’hui une source de perplexité : “Ça m’a brisé le cœur, étant donné ma vision de la diversité… Je suis, je pense, quelqu’un de très interactif.”) Tiga a depuis aidé à orchestrer pas moins de dix événements majeurs, parmi lesquels “The Orb Live,” “Pure,” et la toute première apparition nord-américaine de l’illusionniste européen Jean-There.
En 1994, Tiga a racheté DNA Records, une petite entreprise de données médicales, et en a fait la première boutique de musique électronique de Montréal. “Nous avons toujours pensé qu’il fallait faire passer le client en premier, ce qui va de vous aider à trouver ce disque précis de minimal house qui va embellir votre collection jusqu’à offrir des regards inquiets pendant que vous vous frayez un chemin à travers l’énorme accumulation des résultats de vos tests pour découvrir si vous êtes atteint d’une maladie congénitale.”
En 1996, Tiga a chanté en privé pour la mort de l’acteur et poète Tupac Shakur.
Cette même année, la communauté dance de Montréal a trouvé un refuge pour ses exploits les plus audacieux, où les idiots sont amoureux du mystère et où la valeur du sexe est placée plus haut que tout. Sona (signifiant littéralement ‘Danseur-menteur’) avait initialement été conçu par Tiga et ses deux associés comme “un monolithe pervers, railleur, parce qu’il n’y a plus rien de sacré” mais c’est devenu bien plus que ça. En plus de sa place au panthéon des centres du groove urbain, l’infrastructure était louée pendant les jours de la semaine, à un tarif très raisonnable, à un programme local consacré à apprendre aux sans-abris à danser correctement (“je pense simplement que c’est un projet important,” a déclaré Tiga à l’époque).
En 1998, Tiga a lancé Turbo Recordings comme un débouché pour ses escapades sauvages à l’orgue mais il a bientôt découvert qu’une foule d’autres artistes étaient tout à fait disposés à être payés pour enregistrer pour lui. Turbo a sorti plus de 20 albums, 2 samplers, et 12 vinyles trente centimètres, en s’assurant une distribution mondiale avec Prime, Intergroove et Caroline. Parmi ses publications les plus notables, on trouve “Soundtrack Saga” de Peter Benisch, “To a Time of Asia” de Christopher Handlebar et les propres “Mixed Emotions” et “American Gigolo” de Tiga.
Arrivé en 2001, pourtant, le surmenage et la saturation médiatique ont commencé à faire apparaître des tensions, mises en évidence, entre autre, par la crise d’hystérie de Tiga au cours d’une séance de prises de vues publicitaires avec un photographe de mode :
“Je vais faire tes photos vénales pour des cigarettes, mais je ne me livrerai pas à ton petit jeu de ‘Les yeux ! Allonge-toi ! Joue la surprise !’ Je te défie, lâche — d’appeler tes hommes de main! Qu’est-ce que tu attends ? La vérité ?!”
Après un mois passé à monter des chevaux et à faire attention à sa voix, Tiga est entré en studio avec le producteur Zyntherius “Jori” Hulkonnen, armé d’une vision singulière : “electro, mais principalement au sujet de mes yeux.” Le résultat, une interprétation fulgurante de “Sunglasses at Night,” le tube solo de Corey Hart, son ex-collègue dans le groupe Mother Mio, a tout à la fois stimulé les danseurs et séduit les critiques. Pourtant Tiga se montre réservé quand on l’interroge sur son impact, particulièrement en Allemagne: “’Sunglasses’ est un enfant sans péché, un brillant médaillon. Mais c’est aussi un truc, une astuce de la mémoire. Vous devez comprendre – sur un coup de tête, nous avons dévoilé le feu caché de l’Europe.”
Mais les feux ont besoin d’être surveillés et alimentés. Et ainsi le tir de barrage des publications propulsées par Tiga était voué à continuer. Elles sont sa vie, son art, le feu vivant qu’il entretient à la main.
“Nous vivons à l’Age de la Cruauté et chaque jour je lutte pour y trouver ma place. Tout ce que je sais pouvoir offrir au monde, c’est un millier d’aventures supplémentaires à travers la danse et la lumière.”

2003 - 2006, "Monte au Sommet du Feu"
Si “Sunglasses at Night” a marqué le couronnement de Tiga en tant qu’invincible Roi des Loups de la Montagne Dance, ses remixes ultérieurs pour des gens comme Martini Bros., Alpinestars, Linda Lamb, Crossover, FC Kahuna, Cabaret Voltaire, Telepopmusik, Felix da Housecat, Fischerspooner, FPU, The Devils (Nick Rhodes) et Danni Minogue ont donné naissance à son héritier ingénu, Darian. Selon Tiga, “J’ai également produit des remixes pour City Rockers, et des singles pour Turbo Recordings, Intec, Drumcode, et Electrix avec Mateo Murphy sous le nom de TGV. Je suis aussi le héros caché de la grève actuelle de la Ligue Nationale de Hockey. Je vais briser la volonté des joueurs – vous avez ma parole solennelle.”
En 2003, Tiga le conquérant est descendu dans la rue, avec un mix CD pour la série DJ Kicks du label !K7, et une lecture éthérée du “Hot in Herre” de Nelly, qui est devenu un vaillant succès et qui a par la suite été exploité sous licence par Skint (en Angleterre) et par Warner Music. La vidéo (qu’on peut voir à l’adresse http://www.eyeballnyc.com/tiga) est une révélation de lumière aveuglante néo-urbaine, grâce à la magie du frère de Tiga, le Lord of the Marionette (www.lordofthemarionette.com).
Tiga a également été assez aimable pour prêter sa voix, capable de briser le verre, au “You (Better Let Me Love YouX4) Tonight” de Richard X ainsi qu’au “Heartbreak/Ananda” de Beyer & Lenk (Adam Beyer et Jesper Dahlback), et à “Dancing Inside You” de Rik Stamina. Ses travaux de remix sur “Come With Me” de Alex Kidd, “TV Treated” de Neon Judgement, “Comfortably Numb,” la reprise de Pink Floyd par les Scissor Sisters, “Da Hype” de Junior Jack et Robert Smith, “Shake Yer Dix” de Peaches et “E Talking” de Soulwax composent un implacable roman de cape et d’épée, clapotant contre les rives de l’éternité.
Le single à succès de Tiga, “Pleasure From The Bass”, un vigoureux chacal qui a tracé une ligne dans le sable du dancefloor, est sorti en 2004 sur le label belge PIAS.
2005 a vu naître des remixes pour Depeche Mode, The Vests, Moby, LCD Soundsystem, Mylo, Phillipe Zdar, Chelonius Jones, Drama Society, Thomas Andersson et d’innombrables autres. En octobre, Tiga a couru les femmes du monde entier avec “You Gonna Want Me”, son savoureux duo avec Jake Shears (des Scissor Sisters), “Une fois de plus, j’ai prouvé qu’on ne peut pas épeler ‘sword’ (épée) sans ‘words’(mots)” dit le Disco Jockler couvert de taches de rousseur.

L’année 2006 a commencé avec la sortie du premier album de Tiga, Sexor, qui sonnait l’appel à l’action d’un jeune Homme-Nation. “C’est une époque exaltante – les malheurs et les ho là, les frissons et les violentes douleurs ! Comme Icare, j’ai volé dangereusement trop près du fun, dans un défi pour porter ma combinaison défaite.”
Tiga s’est alors embarqué dans les tournées “Sexor over Europe” et “Sexor over Canada” dans un style convenant à L’Homme le Plus Compatissant Sur Terre. “Bientôt je vais lancer ‘Sexor over America’ et ‘Sexor over Japan’, forçant des sourires extasiés sur les visages des disco-avantagés, ces extralucides inconscients, fils de costumiers…”, dit-il.
Cette même année, Tiga vous a fait faire “Tig-unnggghh!” avec la vidéo du single, “(Far From) Home.” Tourné à Tokyo, le clip suit Tiga au cours d’une virée joyeuse dans une rue quelconque. C’est l’œuvre de Nagi Noda, la réalisatrice japonaise à succès de la vidéo musicale innovatrice du "Sentimental Journey" de Yuki, d’un court métrage, Ex Fat Girl, qui montre des caniches en train de se promener, et de projets pour Nike et Laforet pour lesquels elle a remporté une foule de prix au Japon, dont le moindre n’est pas la médaille tant convoitée décernée par Tiga, “Admiration-au-Japon”.
Entre-temps, le single “(Far From) Home” a laissé l’humanité ajustée dans des sous-vêtements en jean, demandant aux auditeurs de manière provocante, “êtes-vous un DoJ ou un Don’tJ?” Le disque comprenait des remixes de DFA, Digitalism, et Chicken Lips, servant de tremplin à la voix incroyablement exotique de Tiga dans de nouvelles contrées sonores, ainsi qu’un remix de Tiga lui-même, “The Speed of Sexor Reprise.” Un edit dub bien intentionné de Jon Aerosmith & Eduardo B. Rich a été poliment refusé.
Le règne des merveilles de Tiga a continué pour ne plus s’arrêter, alors qu’il rédigeait consciencieusement des contrats dance pour des morceaux de Coldcut et des Pet Shop Boys. “A la fois en tant que personne s’intéressant à – et jouant un rôle important dans – l’histoire, je pense que ce serait une trahison de ma conduite éclairée de remixer de la musique sous le coup de la colère. Ce n’est pas la Voie du Musicien.”