Le processus de thérapie de Freud, connu sous le nom de "Talking Cure" amène les participants à un soulagement cathartique grâce à l'acte de conversation. Positive Mental Health Music, le premier album du groupe Tiña, basé au sud-est de Londres, est né de cette idée. L'auteur-compositeur-interprète et leader du groupe Josh Loftin explique qu'il a utilisé l’écriture des chansons qui composent l’album comme un moyen de lutter contre une santé mentale momentanément défaillante et que pour lui, "écrire est comme résoudre un mystère".
L’album de 11 titres dresse un portrait honnête et intime de ce processus d’introspection, en abordant les thèmes de l'anxiété, de la dépression, de l'amour, du sexe, de l'isolement, de la peur et de l'échec. Les paroles, qui évoquent des images de bus remplis de personnes seules et solitaires nous donnent le sentiment d'une ville aliénante où la pression pour réussir et "être heureux" contraste avec les dures réalités. Pourtant, PMHM est tout sauf un album difficile à écouter : les morceaux sont entraînants, vivants - et même parfois dansants. Le chant de Loftin et ses paroles poétiques et légèrement autodérisoires, sont mêlés à un mélange de synthés psycho-pop, de batterie et de guitares, le tout guidé par la main experte du producteur Dan Carey. Disponible le 06/11, l’album est le premier long format à voir le jour sur le label Speedy Wunderground, et marque en cela une événement marquant dans l’évolution de ce dernier.
Tiña est composé des membres d'Uncle Tesco : Adam Cartwright (Basse et chœurs), Ollie Lester (Guitare) et George Davies (Batterie). Le processus de recrutement a été organique, explique le cinquième membre, Calum Armstrong (claviers), qui fait également de la musique en tant que Pet Grotesque. Le groupe reconnaît que la bonne entente du groupe, personnelle et professionnelle, ne serait pas possible s’ils ne cultivaient pas un sentiment d'ouverture les uns envers les autres "il s'agit du courage d'être honnête avec soi-même et avec ceux qui nous entourent", dit Lester. Cette communalité a permis au reste du groupe de ne pas être à l’arrière-plan, alors que Loftin aurait été seul sous le feu des projecteurs.
L'album est savamment orchestré, avec une superbe interaction entre les instruments, d’où en résulte un son riche et diversifié. Le groupe y "mêle les différentes façons de jouer de la guitare" selon Cartwright, avec "la country, le grunge, et l’indie rock" ajoute Armstrong. L’abum a été enregistré sur cassette afin qu’en émane la chaleur caractéristique de ce processus d’enregistrement mais aussi pour donner à l’enregistrement un sens de cérémonie et de gravité. L'idée de transformer l’enregistrement en rituel est en accord avec l'éthique du groupe.
L’album dégage la même atmosphère que les performances live du groupe, qui sont tout sauf sombres et qui impliquent souvent des chorégraphies, des chœurs amusants et des tenues loufoques : le batteur Davies porte souvent un onesie de la forme d’une nouille ramen, tandis que le leader Loftin porte un chapeau de cow-boy rose en feutre et un short de cyclisme en velours à chaque concert. Ce dernier a qualifié le fait de donner un concert de "cérémonieux... Je me sens comme un chaman, d'où les couleurs vives".